Alger et dans toute l’Algérie, celle du 17 octobre 1961 à Paris et dans toute la France, sont entrées dans l’histoire de la lutte de libération du peuple algérien en constituant de façon remarquable un effet de bascule et un tournant politique capital dans le rapport de forces entre la stratégie de la guerre contre-insurrectionnelle de l’État français d’un côté, et la résistance de l’immigration algérienne dirigée par la Fédération de France du FLN de l’autre. Elles ont eu de fait, la même portée politique sur le dénouement de la guerre proprement dite.
Plus globalement, à l’échelle des luttes des peuples coloniaux pour leur libération, la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris a constitué un cas d’espèce. Pour la première fois depuis les débuts de son installation en France, la population immigrée sortait de sa périphérie pour occuper le centre de la scène médiatique. Elle surgissait ainsi, de façon manifeste, sur la scène de l’histoire du XXe siècle en tant que sujet politique pensant et agissant sur la scène de l’histoire.