Recueil de textes – Danièle Obono et Patrick Silberstein – Éditions Syllepse – article de la revue Contretemps, revue de critique communiste
Journalistes dominants et hommes politiques n’ont pas cessé ces dernières semaines de couvrir d’injures les antiracistes en général et l’UNEF en particulier – tous réputés coupables de « racialisme », dans une inversion ahurissante conduisant à blâmer les victimes du racisme et celleux qui se battent à leurs côtés. Pourquoi ? Parce que les antiracistes et une partie de la gauche organisent des réunions en non-mixité choisie pour celles et ceux qui subissent l’oppression raciale, afin qu’ils/elles puissent discuter de ce qu’ils/elles vivent, des manières de s’organiser et de lutter, etc.
Ignares ou malveillants, sans doute les deux, ces idéologues et quelques philosophes pour médias prétendent qu’ils/elles auraient ainsi rompu avec l’héritage des luttes antiracistes (dont ces défenseurs de l’ordre social et racial se moquent éperdument et dont ils ne connaissent souvent rien sinon quelques images d’Épinal). Bien au contraire, comme le rappellent Danièle Obono et Patrick Silberstein dans leur introduction à un recueil de textes de Léon Trotsky, la question de l’autonomie politique des opprimé·es – y compris parfois sous la forme d’organisations séparées – a été posée à de nombreuses reprises au cours du siècle passé, et a été patiemment discutée au sein du mouvement ouvrier.