Mercredi 27 novembre 2024 · 20h30 – Cinéma Vidéodrome 2 – Marseille
Ces dernières décennies, on assiste au Canada (comme dans d’autres territoires ancestraux non-cédés) à l’essor du « nouveau cinéma autochtone » : un cinéma qui s’inspire des réalités autochtones contemporaines et qui se raconte pour la première fois d’une perspective située, par les personnes concernées. Cet essor a notamment été rendu possible par la persistance des luttes décoloniales, luttes ayant par ailleurs poussé l’état canadien à reconnaître, à demi mot, le génocide que subissent les Premières nations dans ce pays.
En 2007, le gouvernement canadien lance sous la pression une Commission de vérité et de réconciliation afin de faire la lumière sur l’existence des « pensionnats indiens » partout sur le territoire, où plus de 150 000 enfants autochtones ont été placés de force, parfois lors de rafles, entre 1880 et 1996. Pendant huit ans, la commission recueille les témoignages qui font état d’acculturation, de malnutrition, d’abus sexuels et physiques, ainsi que de la mort de 3000 de enfants, la plupart ayant été enterrés sur place sans que les familles n’en soient même informées. Dans son rapport, la commission conclut que les pensionnats sont responsables d’un « génocide culturel » envers les Premières nations. C’est le début d’une prise de conscience majeure dans la société canadienne, à une époque où les institutions multiplient les initiatives dites « de réconciliation » en faveur des populations autochtones, notamment dans un secteur culturel en pleine expansion. Bien sûr, sans pour autant que l’État ne cesse de bafouer les droits territoriaux ancestraux, ce qui participe à l’appauvrissement des premiers peuples et perpétue le racisme systémique à leur encontre.
Quelles formes prennent donc les imaginaires autochtones contemporains imprégnés de 400 ans de colonisation et de politiques génocidaires ? C’est là le point de départ du cycle Canada décolonial. Ce premier volet porte exclusivement sur des œuvres de fictions, tous des premiers long métrages de cinéastes peu connues. Il met en dialogue trois récits – intimes, fantastiques ou dystopiques – sur lesquels se reflètent, métaphoriquement ou non, la sinistre réalité coloniale et celle des luttes pour s’en affranchir.
Edito de Heidi Poulin
A propos de Beans :
Beans, 12 ans, est au bord du gouffre: prise entre sa naïveté d’enfance et la délinquance de l’adolescence; elle doit se transformer rapidement en guerrière mohawk, une warrior, alors que la nation Mohawk doit défendre ses terres ancestrales durant la crise d’Oka qui a déchiré le Québec et le Canada pendant 78 jours tendus durant l’été 1990. Avec ce récit semi-autobiograhique, Tracy Deer s’inscrit dans la continuité d’Alanis Obomsawin qui a réalisé un film phare de la culture autochtone : Kanehsatake, 270 ans de résistance, dans lequel elle documente la crise d’Oka de l’intérieur.