Saison 3, Épisode 26
En France, le mot race fait peur. Si peur que l’Assemblée Nationale a voulu le rayer de la Constitution, et que le prononcer, même dans un usage critique, ferait de vous un·e ennemi·e de la République. Pourtant, la notion de race est essentielle pour analyser les rapports de pouvoir entre les personnes blanches et non-blanches, et pour combattre le racisme. En niant l’acception sociologique du mot race, ses détracteur·rices freinent la prise de conscience de la réalité des discriminations raciales qui persistent dans notre société.
Pourquoi la France est-elle encore si réticente à l’usage critique du mot race ? Comment manipuler cette notion malgré son lourd poids historique ? En quoi le fait de circonscrire le racisme à une question morale peut nuire à la conscientisation de la dimension systémique du phénomène ?
Pour en parler, Rokhaya Diallo et Grace Ly reçoive Sarah Mazouz, sociologue, autrice et chercheuse au CNRS. Dans son ouvrage Race (éd. Anamosa, collection « Le Mot est faible », 2020), l’invitée revient sur l’histoire et l’usage de cette notion en sociologie, en analysant les raisons de son rejet en France. Pour Sarah Mazouz, la violente cabale politique et médiatique contre les recherches sur les questions raciales est le symptôme d’une progressive ouverture du débat sur le racisme systémique.